PARANOÏAQUE

Loin de se cantonner au fantastique, la Hammer produisit une formidable série de thrillers aujourd’hui méconnus, parmi laquelle un joyau : PARANOÏAQUE.

Rien ne va plus chez les Ashby suite à la mort tragique des parents et au suicide de l’aîné : Simon, le cadet alcoolique, entend bien récupérer l’héritage familial, écartant au passage sa sœur, rendue folle par les apparitions mystérieuses d’un inconnu en qui elle reconnaît son frère défunt.

Construit comme un pur récit de machination, PARANOÏAQUE digère deux influences majeures : LES DIABOLIQUES d’Henri-Georges Clouzot et PSYCHOSE d’Alfred Hitchcock. Mais loin de n’être qu’un simple décalque, le film intègre tous les ingrédients issus de la tradition gothique britannique : manipulation psychologique, usurpation d’identité, névroses familiales et recoins de demeure victorienne lourds de secrets inavouables…
Pour sa première réalisation au sein de la Hammer, l’immense directeur de la photographie Freddie Francis (LES INNOCENTS, ELEPHANT MAN…) concocte un cadre cinémascope perfectionniste habité par un Oliver Reed déchaîné. Révélé deux ans plus tôt dans LA NUIT DU LOUP GAROU de Terence Fisher, il forge ici une typologie de personnage suintant le danger et penché sur la bouteille qui nous le fera tant aimer chez Ken Russel (LES DIABLES) ou Sergio Sollima (LA POURSUITE IMPLACABLE). Occulté par la souveraineté de Dracula et Frankenstein, il incarne pourtant dans PARANOÏAQUE une figure tout aussi inquiétante de la monstruosité.