À PROPOS DE LA HAMMER
Laissons un jeune spécialiste français, Nicolas Stanzick, auteur d’un ouvrage de référence (Dans les griffes de la Hammer, Éditions Le Bord de l’Eau, 2010), présenter la maison Hammer :
De mystérieux châteaux perdus dans la brume, d’étranges laboratoires où prolifèrent les appareillages scientifiques les plus énigmatiques, des monstres au comportement débridé et de pulpeuses jeunes femmes, proies lascives ou terribles prédatrices… Au sein du studio culte du cinéma fantastique, la Hammer, la production d’un film commençait toujours par la confection d’une affiche. Un titre accrocheur, un graphisme hyperbolique, osé et séduisant, une manière d’isoler et de sublimer en une seule fulgurance, immobile, tous les fantasmes de ces mythiques sixties écartelées entre le comportement induit d’une morale corsetée et le besoin de briser les vieux tabous… Il n’en fallait pas plus pour qu’aux États-Unis, la compagnie Universal, la Warner ou la Fox ne commandent à cette petite maison de production londonienne un de ses films d’épouvante qui affolaient le box-office. Le scénario venait ensuite. Contre toute attente, c’est ainsi que sont nés de véritables classiques du septième art.
Fondé en 1935, le studio a acquis sa célébrité grâce à un prolifique cycle gothique initié en 1957. À l’origine de cette success story de deux décennies, une astucieuse idée commerciale : réutiliser Dracula, Frankenstein, le loup-garou ou la momie, soit les figures essentielles du bestiaire fantastique hollywoodien des années 1930, tout en renouant avec l’esprit du roman noir anglais incarné par Bram Stoker, Mary Shelley, Robert Louis Stevenson et Arthur Conan Doyle. À l’arrivée, c’est une véritable réussite artistique. Ces films, le plus souvent signés Terence Fisher et interprétés par les « stars maison » Peter Cushing et Christopher Lee, sont d’une radicale nouveauté. L’horreur cinématographique est désormais synonyme de technicolor flamboyant. Le sang coule voluptueusement à l’écran, l’érotisme se déploie en toute conscience et les mythes se modernisent pour porter une charge virulente contre les valeurs conservatrices du moment. Pour le genre, la Hammer incarne un nouvel « âge d’or ». Le studio fait de nombreux émules et donne ses lettres de noblesse à la série B européenne.