5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7 euros ou ticket d’abonnement Utopia
Álex de la Iglesia
Espagne – Mexique / 1997 / couleur / 2H06 / VOSTFR
Scénario de Barry Gifford, David Trueba, Jorge Guerricaechevarría et Álex de la Iglesia
Avec Rosie Perez, Javier Bardem, Screamin’ Jay Hawkins, James Gandolfini, Harley Cross, Aimee Graham, Don Stroud, Alex Cox…
Director’s Cut
Interdit aux moins de 16 ans
Quand Perdita Durango rencontre Romeo Dolorosa à la frontière mexicaine, c’est le coup de foudre instantané. Les amants, dont les tendances psychopathes ne tardent à se manifester, décident de kidnapper un couple d’adolescents nord-américains pour les offrir en sacrifice lors d’une cérémonie de santería dont Romeo est le grand prêtre, avant de partir en direction de Las Vegas où un chef mafieux leur a demandé de détourner un camion frigorifique transportant des fœtus humains…
Oui, vous avez bien lu, et ce n’est qu’une fraction de ce qui vous attend : on vous embarque pour une improbable virée pleine d’excès et de fureur.
Après une entrée fracassante dans le cinéma horrifique avec ACTION MUTANTE et LE JOUR DE LA BÊTE, Alex de la Iglesia traverse l’Atlantique direction l’Arizona pour son troisième long métrage adapté du roman de Barry Gifford, 59 Degrees and Raining: The Story of Perdita Durango, succédant à son célèbre Sailor & Lula. Cependant, le réalisateur espagnol, adoubé de son fidèle scénariste Jorge Guerricaechevarria, dédaigne le romantisme vaguement rebelle des deux teenagers du film qu’en a tiré David Lynch pour nous propulser avec cette suite dans un maelstrom de situations insensées qui voisinent davantage avec le PULP FICTION de Quentin Tarantino, avec autant, sinon plus, de violence hallucinée, d’humour vachard et de cynisme décomplexé.
Si le film de Lynch présentait furtivement le personnage de Perdita sous les traits d’Isabella Rosselini, ici pas de langoureuse vamp à perruque blonde bouclée mais une Latino torride bottée de cuir et toute de noir vêtue, fille légitime et très charnelle de la Tura Satana de FASTER PUSSYCAT, KILL, KILL! Car c’est bien du côté du classique teigneux de Russ Meyer que cette ode à l’amour fou au goût de sang et de poussière nous entraine puissance 10, pour un trip parfaitement amoral et définitivement indompté. Le titre américain du film n’est-il pas DANCE WITH THE DEVIL ?
Western motorisé et lourdement armé, renouant avec le mythe de la « dernière frontière », PERDITA DURANGO rallume le crépuscule hollywoodien de l’Ouest conquis et désabusé, versant « exploitation film » pour Drive-in. Ici et là, sont convoqués Sam Peckinpah et surtout Robert Aldrich, quand Romeo, incarné par un séduisant autant que menaçant Javier Bardem, tout droit sorti d’un clip de Black Sabbath et dont les audaces capillaires anticipent un rôle fameux chez les frères Cohen, s’identifie à Burt Lancaster face à l’imperturbable Gary Cooper en une mise en abîme de VERA CRUZ.
Mais ici, l’adversaire peu glorieux est un flic maladroit (interprété par le regretté James Gandolfini) qui poursuit avec ténacité le couple diabolique à travers les états du sud des États-Unis, et l’épopée tourne constamment au festival de bastos pour le plaisir coupable du spectateur. Ajoutez un zeste de mysticisme vaudou en la personne de Screamin’ Jay Hawkins et on affiche complet chez les fous.
On s’étonne aujourd’hui que ce cocktail d’insanités, dans la lignée impure de ce cinéma grindhouse revisité dans les années 90 par un quarteron de réalisateurs biberonnés à la VHS et aux séances de minuit, soit passé à peu près inaperçu à sa sortie, éclipsé par les non moins tapageurs TUEURS NÉS d’Oliver Stone et TRUE ROMANCE de Tony Scott, tous deux scénarisés par l’incontournable Tarantino.
Voici donc LE Director’s Cut d’un film orchestré d’une main de maître par un réalisateur récompensé depuis par de nombreux prix, à apprécier sur GRAND ÉCRAN et en DOLBY SURROUND, sinon rien.
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