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Lune Noire, typographie du film Long Weekend de Colin Eggleston
Lune Noire, film Long Weekend de Colin Eggleston
DIMANCHE 02 JUIN 2019 — 20H45 — CINÉMA UTOPIA

5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7 euros ou ticket d’abonnement Utopia

LONG WEEKEND

Colin Eggleston
Australie / 1978 / couleur / 1h38 / VOSTF

Scénario : Everett De Roche
Musique : Michael Carlos
Avec John Hargreaves et Briony Behets.

Prix spécial du jury, Festival international du film fantastique et de science-fiction de Paris, 1978

Projection numérique
Version intégrale restaurée

Australie, fin des années 70. Peter et Marcia, un couple au bord de l’explosion, décident de partir en week-end sur la côte pour tenter de recoller les morceaux d’une relation devenue invivable. Egoïstement retranchés sur eux-mêmes, ils tentent désespérément de sauver ce qui peut encore l’être – ne fût-ce que les apparences – alors qu’autour d’eux, la nature a priori hospitalière semble vouloir les attaquer…

Pour clore sa quatrième saison, LUNE NOIRE choisit un continent cinématographique jusqu’alors inexploré avec LONG WEEKEND, un des plus dignes représentants de l’Ozploitation, soit le cinéma d’Exploitation australien surgi au début des années 70 en parallèle d’une « Nouvelle Vague » beaucoup plus présentable dont Peter Weir (PIQUE NIQUE A HANGING ROCK, LE CERCLE DES POETES DISPARUS, MASTER AND COMMANDER…) reste l’auteur le plus connu. En parallèle de cette percée auteuriste censée présenter au reste du monde la singularité du cinéma australien se dressa donc son jumeau malpoli, ouvertement commercial, racolant le chaland grâce à ces fameux ingrédients – sexe et violence – faisant le sel de notre programmation. Embrassant les genres les plus populaires – comédie, horreur, érotisme, thriller, fantastique… – dans une logique industrielle de tournages rapides et à petits budgets, l’Ozploitation réussit à exporter le cinéma australien hors de ses frontières et culmina en 1979 avec le succès mondial d’un Rape and Revenge dystopique ultraviolent nommé MAD MAX, hissant Mel Gibson au statut de star instantanée et plaçant son réalisateur George Miller aux côtés de Steven Spielberg et de George Lucas comme figure de proue d’un nouvel entertainment cinématographique.
Mais derrière ce succès se cache donc toute une flopée de films plus ou moins ambitieux, souvent originaux, devenus cultes pour certains (WAKE IN FRIGHT, WALKABOUT…) dans lesquels l’environnement naturel (le Bush) se confronte violemment à l’urbanisme des métropoles, où la mentalité matérialiste des colons se confronte à la spiritualité animiste millénaire des aborigènes, faisant du cinéma de ce continent un des lieux les plus passionnants du rapport jamais tranché entre nature et culture.
Il n’est alors pas étonnant que cette thématique irrigue une série-B horrifique comme LONG WEEKEND, se permettant même d’en faire aujourd’hui un des films les plus pertinents et visionnaires sur une apocalypse écologique dont les signes ne cessent de grossir. Mêlant dans un même mouvement le drame intime d’un couple urbain en pleine déréliction et la rébellion d’une nature injustement souillée par l’Homme civilisé, le scénario d’Everett De Roche est un modèle de fantastique mature où les codes du cinéma d’horreur sont là pour renforcer une réflexion inquiète et brillante sur le devenir de notre espèce. Portée par une mise-en-scène tout en ambiance, magnifiée par un Cinemascope capturant la majestuosité sublime et inquiétante de la nature australienne, la parabole prophétique qu’est LONG WEEKEND se doit, aujourd’hui plus que jamais, d’être vue et entendue.

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