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Lune Noire, typographie du film THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA de Matt Cimber
Lune Noire, image du film THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA de Matt Cimber
DIMANCHE 4 NOVEMBRE — 20H45 — CINÉMA UTOPIA

5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7 euros ou ticket d’abonnement Utopia

THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA

Matt Cimber
États-Unis / 1976 / couleur / 1h28 / VOSTf

Avec Millie Perkins, Lonny Chapman, Vanessa Brown…

Inédit en France
Projection numérique
Public adulte

Serveuse dans un bar miteux de la côte Californienne, Molly occupe son temps libre en gardant ses neveux le jour et en couchant avec son patron la nuit. Sous son apparence de femme libre et indépendante, elle ressasse néanmoins des fantasmes obscènes et violents, alimentés par les figures masculines viriles qu’elle voit à la télévision. Lorsque deux hommes qu’elle avait justement repérés dans son petit écran sont retrouvés assassinés, l’esprit de Molly commence à dérailler. Cherchant le réconfort dans les médicaments et l’alcool, elle ne tarde pas à perdre totalement pied…

Attention, rareté absolue ! Film totalement oublié avant sa ressortie confidentielle aux États-Unis il y a quelques années, la seule trace que THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA avait laissée dans les annales du cinéma était son inscription sur la liste des Video Nasties, 72 films intégralement censurés en Angleterre durant 20 ans pour obscénité, parmi lesquels des classiques comme ZOMBIE de George Romero, LES FRISSONS DE L’ANGOISSE et SUSPIRIA de Dario Argento ou encore LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE de Wes Craven. Pointant très directement le cinéma d’horreur et ses débordements gore, les Video Nasties réservèrent donc le même sort infâmant à ce film d’exploitation à petit budget pourtant beaucoup plus porté sur l’atmosphère et le surréalisme, sorte de drame psychologique pour salles Grindhouse.
Réalisé par Matt Cimber et écrit par Robert Thom, deux activistes du cinéma d’exploitation des années 70, THE WITCH… opère la rencontre des thématiques purement commerciales du cinéma Bis de l’époque (sexe et violence) et une recherche formelle renvoyant directement aux premières amours de Cimber lorsqu’il était metteur en scène de théâtre off-Broadway : Cocteau, Tennessee Williams… En résulte un objet filmique à nul autre pareil, surprenant, troublant, dérangeant… et souvent fascinant. Porté par la photographie déjà affirmée du grand Dean Cundey (chef opérateur attitré de John Carpenter et Steven Spielberg pour certains de leurs meilleurs films), peignant la côte Californienne comme un no man’s land infiniment blafard, il est surtout magnifiquement incarné par la rare Millie Perkins, jusqu’alors aperçue chez Monte Hellman et surtout connue pour son tout premier rôle, celui d’Anne Frank dans l’adaptation cinématographique de son fameux journal par George Stevens en 1959.
Récit d’un esprit tourmenté plongeant irrémédiablement dans la folie homicide, étude d’une schizophrène malade de ne pas vouloir affronter un passé déchirant la poussant de plus en plus vers l’abîme, THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA progresse lentement, s’insinue en nous grâce à une économie d’effets parfaitement maîtrisée et à l’impact sensoriel maximum. Extrêmement ambitieux malgré son économie de production, le film n’atteint certes pas tous ses objectifs. Mais, par la puissance de certaines de ses séquences, la gravité de son sujet, la mélancolie de son climat, une actrice habitée et une inventivité formelle constante, il mérite absolument d’être (re)découvert par un public plus large.
Imaginez Roman Polanski tournant son REPULSION pour le compte de Roger Corman sous le ciel sans soleil de la Californie des années 70 et vous aurez un petit aperçu de ce que cette perle injustement méconnue vous réserve.

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