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Lune Noire, image du film The Driver de Walter Hill
Lundi 8 février 2016 — 20H45 — CINÉMA UTOPIA

5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 6,50 euros ou ticket d’abonnement Utopia

THE DRIVER

Walter Hill
États-Unis / 1978 / couleur / 1h47

Avec Ryan O’Neal, Isabelle Adjani, Bruce Dern

Projection numérique – VOSTFR restaurée

Los Angeles. Dans cet espace indéfini, déroulant ses blocks géométriques tel un échiquier géant, le meilleur chauffeur à gages de la ville se fait prendre en chasse par un flic obsessionnel. Animés tous deux par une quête chimérique de perfection, ils s’enfoncent dans une compétition malsaine alors qu’une femme entre dans la vie du chauffeur pour tenter de lui dérober le butin de son dernier contrat.

Après une courte carrière de scénariste (pour Peckinpah entre autres) et avant de devenir l’un des plus importants réalisateurs de blockbusters Badass des années 80 (Les guerriers de la nuit, 48 heures…), Walter Hill fut pour une courte période un des cinéastes américains les plus remarquablement singuliers de la seconde moitié des 70’s. Pour preuve, « The Driver », son second film scintille comme un diamant noir à l’heure où Hollywood fêtait avec Star Wars l’avènement du divertissement régressif et spectaculaire. Véritable réanimation du Film Noir américain des années 40 passé à la moulinette européenne (Bresson et Melville sont les influences assumées de Hill), le cinéaste se sert d’une intrigue prétexte pour orchestrer une sorte de ballet immobile, une partie d’échec mentale, entre trois archétypes anonymes (le chauffeur, le flic, la joueuse) seulement mus par leurs névroses respectives ou par une destinée morbide qu’ils semblent désirer plus que subir. Dans un Los-Angeles nocturne et désert, ces trois fantômes se cherchent, se croisent, s’évitent, dans une partie jouée d’avance et dont les courses-poursuites automobiles – parmi les plus impressionnantes jamais tournées – les mènent de plus en plus sûrement vers leur fin. Dans un monde vidé de substance, tout mouvement n’est qu’une fuite en avant semble nous dire Hill, et il convient donc de le faire avec grâce, pour la seule beauté du geste.

Objet fantasmatique, pur film de mise-en-scène, The Driver est une réussite étourdissante, Hill parvenant à marier avec une grâce et une subtilité déconcertantes l’épure Bressonienne et la vigueur du cinéma d’action américain pour un résultat aux confins de l’abstraction, l’inscrivant comme un des derniers gestes flamboyants du Nouvel Hollywood. Nicolas Winding-Refn s’en souviendra trente ans plus tard pour Drive, quasi-décalque de ce Driver à la beauté et à la puissance de fascination toujours intactes.

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