DIMANCHE 6 mai 2016 — 21H30 — CINÉMA UTOPIA
CARTE BLANCHE À BERTRAND MANDICO
HOMMAGE À ANDRZEJ ZULAWSKI
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarifs : 6,50 euros ou ticket d’abonnement Utopia,
8 euros avec HORMONA (et un verre offert).
Andrzej Zulawski
France – Allemagne / 1981 / couleur / 2h04
Avec Isabelle Adjani, Sam Neil, Heinz Bennent…
Projection numérique – VOSTFR intégrale remastérisée
De retour à Berlin après une longue absence, Mark retrouve son épouse Anna et leur jeune fils Bobby dans l’appartement qu’ils occupent à la lisière du Mur. Mais le couple se déchire, Anna se dérobe et son attitude de plus en plus erratique conduit Mark à soupçonner qu’elle a un amant en la personne de Heinrich, une sorte d’aventurier mystique. Il apparait qu’Anna, sombrant progressivement dans la folie, l’a délaissé pour un être qui n’a rien d’humain.
Réalisé après le succès de scandale de L’IMPORTANT C’EST D’AIMER et le retour manqué de Zulawski en Pologne une nouvelle fois frappé par la censure, POSSESSION représente l’acmé de la fureur stylistique du cinéaste, et probablement son chef-d’œuvre. Véritable film monstre aux acteurs consumés par des rôles d’une intensité peu commune (Adjani y est littéralement possédée), il ne saurait être réduit au genre horrifique auquel il emprunte son climat d’angoisse et ses déflagrations de violence meurtrière.
Au travers du drame intime de la séparation, sous la lumière blafarde d’une ville meurtrie coupée en deux (un Berlin de rouille et de fantômes magnifiquement photographié par Bruno Nuytten), on est tenté d’y lire la parabole kafkaïenne de la perte d’identité, et plus encore d’un monde en décomposition propice à l’apparition d’une créature hideuse et maléfique, à la fois objet fantasmatique et figure de l’aliénation se nourrissant de ses victimes – notre propre double, alien n’ayant d’humain que l’apparence, prêt à se fondre dans la masse à l’aube d’un cataclysme annoncé.
Vision infernale et paroxystique d’un artiste radicalement pessimiste, POSSESSION est une œuvre viscérale inspirant autant la répulsion que la fascination. Un labyrinthe halluciné où se fracassent les êtres dans le tournoiement incandescent de leurs passions et de leur désir, tels des papillons de chair et de sang.
«Zulawski poussait les acteurs à une modernité dans le jeu et à une cruauté inégalable. Il disait que l’acteur est une braise et le metteur en scène était là pour souffler cette braise et incendier l’acteur. Aucun des comédiens qui a tourné avec lui n’est sorti sans blessure ou sans cicatrice ». Francis Huster
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