5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 8 euros ou ticket d’abonnement Utopia
To Live and Die in L.A.
William Friedkin
États-Unis / 1985 / couleur / 1h56 / VOSTF
Scénario de William Friedkin et Gerald Petievich,
adapté de son roman To Live and Die in L.A.
Musique : Wang Chung
Avec William Petersen, Willem Dafoe, John Pankow, Debra Feuer, Darlanne Fluegel, John Turturo, Dean Stockwell…
Los Angeles, 1984. Les dollars contrefaits se ramassent à la pelle. Rick Masters, un faux monnayeur de haut vol qui sous ses allures de dandy dissimule un criminel impitoyable, orchestre ce trafic. Un agent des services secrets a payé de sa vie une enquête un peu trop rapprochée. Son équipier, le fougueux Richard Chance, se voyant adjoindre un nouveau partenaire, n’a alors plus qu’une idée en tête : venger son ami et piéger Masters à tout prix, quitte à basculer dans l’illégalité la plus totale, sans en mesurer les conséquences dévastatrices…
William Friedkin, réalisateur selon notre cœur, s’est éteint le 7 août dernier et Lune Noire se devait de lui rendre hommage. Pour cela, TO LIVE AND DIE IN L.A. s’y prête idéalement.
Fort peu goûté à sa sortie par la critique et boudé par le public, ce néo-polar d’une noirceur d’encre a au fil du temps été réévalué comme un sommet dans la carrière de Friedkin, et tout simplement comme un classique du genre dont l’influence se ressent jusqu’à aujourd’hui. Sans doute son nihilisme, qui le rattache aux drames policiers des années 70, offrait alors une image anarchique et peu désirable de Los Angeles à l’opposé de l’hédonisme et de l’opulence qu’en donnait le cinéma américain des années 80. En effet, nul glamour dans TO LIVE IN DIE IN L.A., mais un climat de corruption généralisée et un voile de smog sur des paysages urbains et industriels rarement filmés. Ici pas de clinquant hollywoodien, pas de terrasses avec piscine sur les hauteurs de Beverly Hills, ni de palmiers élégamment alignés sur Rodeo Drive, mais les viaducs graffités de la 18ème rue, les bars enfumés de Boyle Heights, le canal de béton de la Los Angeles River et les lumières blêmes des raffineries de pétrole de San Pedro.
Soit une approche naturaliste qu’on trouvait déjà dans THE FRENCH CONNECTION, Friedkin troquant la froidure hivernale de New York pour la lumière étale de Los Angeles, et renouant avec la figure du flic borderline qu’incarnait Gene Hackman – en poussant ici les curseurs à fond.
Si tous les archétypes du néo-noir sont présents (le policier justicier, la femme fatale, l’avocat véreux, le criminel insaisissable), Friedkin, comme dans chacun de ses films, confère à ces modèles une dimension qui brouille constamment la frontière entre le bien et le mal. Une dualité qui s’affronte sur un échiquier aux dimensions urbaines, avec d’une part un criminel méthodique campé par un Willem Dafoe à la fois androgyne et menaçant, et de l’autre, l’agent fédéral qui le traque, animé par une conception toute particulière de la loi : William Petersen, en plein dérapage plus ou moins contrôlé entre deux rôles pour Michael Mann, incarne un renégat qui en se précipitant la tête la première dans des situations inextricables, déclenche un chaos qui n’épargne rien ni personne. Dans ce jeu de quilles, évolue une galerie de personnages ciselés – flics, malfrats, indics, et même des artistes – portés par un charismatique casting d’actrices et d’acteurs alors quasi inconnus.
De filatures en rebondissements terrassants, Friedkin s’impose une fois encore comme un virtuose du cinéma d’action, travaillant sous la contrainte d’un budget serré. La majeure partie du film est constituée de premières prises, donnant aux scènes un sens aigu de l’immédiateté. Jusqu’à ce moment d’anthologie : une course poursuite spectaculaire de huit minutes dans East Los Angeles embrayant sur l’autoroute de Terminal Island, qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie sur grand écran.
TO LIVE AND DIE IN L.A. est un film qui vous saisit et ne vous lâche pas, jusqu’à la dernière image.
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir notre actualité :