DIMANCHE 29 SEPTEMBRE - 20H
DOUBLE-PROGRAMME

Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif unique : 9 euros pour les deux films

Comme le Cinéma Utopia, Lune Noire, dont la toute première séance eut lieu le 13 février 1999, souffle ses 20 bougies. Poursuivant et concluant le programme « Lumières » concocté par Monoquini, cette Lune Noire spéciale revisite au travers de deux films emblématiques le « pays des salles obscures », ce refuge peuplé de fantômes et de fantasmes. Le Cinéma Utopia est « garanti sans 3D » ? Le double programme de ce soir pourrait pourtant bien contredire cette assertion et ouvrir une dimension insoupçonnée.

20H00
ANGOISSE
(Angustia)
Bigas Luna
Espagne, 1987, couleur, 1h26
Avec Zelda Rubinstein, Michael Lerner, Talia Paul, Àngel Jové, Clara Pastor…

Interdit aux moins de 16 ans

Le 19 juillet 2012, James Holmes, persuadé qu’il est le Joker, ennemi juré de Batman, ouvre le feu sur les spectateurs de la première de THE DARK KNIGHT RISES de Christopher Nolan au Cinéma Century d’Aurora. Le public, absorbé par l’action et les effets sonores à l’écran, ne réalise pas immédiatement que les tirs ont lieu dans la salle, tuant et blessant des dizaines de personnes. Conséquence d’une fiction qui imprègne et contamine le réel, la tragédie d’Aurora est le scénario paranoïaque que Bigas Luna, par anticipation, confiait redouter par-dessus tout après avoir achevé ANGOISSE où la distinction entre divers niveaux de « réalité » s’estompe au profit de la sensation d’un douloureux rêve éveillé.
Résumé possible : « Un infirmier travaillant dans une clinique ophtalmologique, sous l’emprise hypnotique de sa mère abusive perdant progressivement l’usage de la vue, devient un tueur en série collectant les yeux de ses victimes. » Sous les apparences premières d’un slasher, ANGOISSE déjoue les attentes du spectateur pour l’égarer progressivement dans les récits successifs qui s’emboitent à l’écran et se répondent de façon vertigineuse. Thriller virtuose aux multiples facettes, ANGOISSE, à l’instar des suspenses d’Hitchcock ou de THE MACHINIST de Brad Anderson, doit garder son secret intact pour garantir les effets d’une mise en abyme immersive. Dites-vous bien que ce n’est qu’un film… ce n’est qu’un film… ce n’est qu’un film…

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22H
DERNIÈRE SÉANCE
Laurent Achard
France, 2011, couleur, 1h21
Scénario : Laurent Achard et Frédérique Moreau
Bande-Son : Martin Wheeler
Avec Pascal Cervo, Charlotte Van Kemmel, Karole Rocher…

Projection 35mm
Interdit aux moins de 12 ans

Cinéphile et timide, Sylvain est l’homme à tout faire d’un cinéma de province condamné à la destruction. La nuit tombée, il part en chasse et tue des femmes pour soigner la violence infligée durant son enfance par sa mère, une actrice ratée.
DERNIÈRE SÉANCE est un magnifique cri d’amour lancé par Laurent Achard au cinéma du XXème siècle, une tentative sublime et désespérée de marier les contraires, le pur et l’impur, l’Art & Essai et l’Exploitation, les « grands » maîtres (Bresson) et les « petits » (Argento). Embrassant sans retenue les codes et les motifs du cinéma d’horreur contemporain, en particulier le Slasher, il les épure jusqu’à incandescence et, au travers de plans séquences cliniques et virtuoses, parvient à marier le sordide crapoteux hérité du MANIAC de William Lustig à la rigueur formaliste du réalisateur de PICKPOCKET et L’ARGENT. Ce qui en jaillit est un film déstabilisant, dérangeant, véritablement angoissant. Rares sont les films d’horreur qui parviennent à créer la peur. DERNIÈRE SÉANCE le réussit, grâce à un dispositif de mise en scène au cordeau et, dans un tour de force d’une radicalité et d’un pessimisme rares, fait résonner cette terreur avec celle de la fin d’un monde : celui du cinéma argentique, de l’aura fantasmatique de ses stars féminines, de ses salles de quartier, de sa cinéphilie passionnée.

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